Entretien avec le magazine Transport Info pour Jonathan Delisle

 

« Transport Info : Pouvez-vous présenter le groupe que vous dirigez ?
Jonathan Delisle : Le groupe Delisle fondé par mon père en 1977 est spécialisé dans le vrac. Nous exerçons dans le transport alimentaire et pulvérulent. En outre, nous proposons une offre benne (TP et céréalière) ainsi qu’une activité marchandises générales sur palette. En plus, nous développons la logistique, l’entreposage et disposons d’une station de lavage de citerne PL. Le groupe emploie 850 salariés dont 700 conducteurs, 700 tracteurs et à peu près 900 semi-remorques. Le bilan consolidé de 2018 donne 105 millions d’euros de chiffre d’affaires.

TI : Quelles sont les orientations de l’entreprise ?
JD : Nous connaissons une progression annuelle de 5 à 6 % depuis cinq ans grâce à une croissance externe mais également par une augmentation organique liée à la partie industrielle et TP. Nous sommes par ailleurs attentifs aux opportunités de rachats d’entreprises. Nos clients demandent à évoluer et à développer un partenariat en logistique au-delà du transport. Cela nous pousse à construire des sites, des entrepôts ou des stations de lavage. Notre dernière acquisition, la station de lavage de Brunet à Claye-Souilly (77), est venue renforcer notre maillage avec un total de huit unités. En croissance interne, le projet le plus important jamais réalisé dans l’histoire du groupe est notre base logistique de Connantre (52) aux abords de la plus grosse sucrerie d’Europe. Nous y avons acquis un terrain pour construire une station de 40 000 m².

TI : Comment jugez-vous le contexte dans lequel vous opérez ?
JD : Après trois années de forte croissance, les volumes à transporter se stabilisent. Une situation certainement liée au contexte international et à l’activité économique française marquée par un ralentissement. C’est notamment le cas sur le secteur alimentaire où il y a une réelle stagnation. Ensuite, le Grand Paris a fortement boosté la demande sur les activités TP, benne et en pulvérulent industriel. Nous avons bénéficié d’un effet d’aubaine lié à la pénurie de chauffeurs. S’en est suivi un effet ciseaux où nous sommes passés d’une phase où les chargeurs étaient en position de force à un épisode inverse en l’espace de six mois. Une période bénéfique pendant laquelle les transporteurs ont pu passer des augmentations, réévaluer des lignes et des tarifs qui ont permis de gagner en productivité. A présent, cette tendance se tasse et on sent bien que les chargeurs reprennent un peu la main, mais avec prudence parce qu’ils sont conscients qu’ils peuvent se retrouver démunis face à des transporteurs peinant à embaucher des chauffeurs. Du côté des prix, nous n’allons certainement pas repasser des augmentations de 3 à 4% mais je suppose que les clients accepteront des revalorisations raisonnables de l’ordre de 1 à 1,5%. Ce qui ne fait que compenser l’inflation en somme.

TI : Quels seraient les principaux freins à votre développement ?
JD : Le recrutement des chauffeurs est la problématique qui nous empêche de croître. Pour l’heure, nous avons la chance d’arriver à faire tourner nos camions avec le personnel mais si demain on nous demande dix camions supplémentaires, nous allons mettre du temps pour trouver les moyens. Aujourd’hui, il nous manque entre 10 et 15 chauffeurs sur l’ensemble du groupe. Quant au sujet du gazole, depuis un an le coût augmente et malgré la mise en place du dispositif des pieds de factures, les seuils de répercussion ne sont pas forcément déclenchés, cela réduit toujours un peu plus nos marges. De plus, la réduction du remboursement des deux centimes de TICPE va clairement mettre à mal de nombreuses entreprises de notre secteur déjà fragilisées.

TI : Vous avez été distingué du « Prix de la performance énergétique » par l’Ademe. Comment concilier économie et écologie dans le TRM ?
JD : L’écologie représente une valeur qui nous tient à cœur depuis déjà une dizaine d’années. Dès 2012, nous étions le premier transporteur de France à acquérir des tracteurs Euro 6. A la base, la volonté politique de l’entreprise était de réaliser des gains financiers en faisant essentiellement des économies de carburant. Aujourd’hui, nous avons fait perdurer ce système et nous obtenons un impact sur l’empreinte carbone et l’écologie grâce à l’ensemble des mesures que nous avons prises à la fois sur le matériel mais aussi dans le management. Cette récompense vient concrétiser une démarche anticipée de longue date. Outre la qualité de notre travail, nous voulons que nos clients nous choisissent aussi pour nos prestations environnementales. »

A très bientôt pour d’autres bulletins d’informations ! 

L’équipe comm’ !

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